mercredi 17 juin 2015

L'Orchestre National d'Ile-de-France et son chef Enrique Mazzola défendent avec fougue la musique américaine en la Basilique Saint-Denis, avec des oeuvres de Glass, Muhly, Dessner, et Bernstein

Basilique Saint-Denis - 10/06/2015


Une soirée au programme rare (en France tout du moins) était donné ce soir en la Basilique Saint-Denis dans le cadre du très côté Festival: une programmation américaine centrée autour du truculent et charismatique Nico Muhly (né en 1981), musicien héritier de l'école minimaliste, et compositeur en résidence durant ce mois de musique en Seine Saint-Denis.

Nico Muhly
On en attendait d'ailleurs pas moins des interprètes: en effet, le bouillonnant Enrique Mazzola et son Orchestre National d’Île-de-France (ONDIF) figurent actuellement parmi les rares musiciens à faire entendre de la musique minimaliste (et sa descendance) à Paris: Ils avaient notamment eu l'occasion de défendre un programme Philip Glass en mars dernier à la Philharmonie, basé sur les deux symphonies que le Maître new-yorkais écrivit en utilisant comme principal matériau des chansons de David Bowie et Brian Eno (issues des albums Low et Heroes).


Philip Glass
La soirée s'ouvrait justement avec une oeuvre de Phil Glass, The Canyon (1988). Commande de l'Orchestre Philharmonique de Rotterdam et présenté ce soir en création française, The Canyon est décrit par le compositeur comme un "épisode dramatique pour orchestre" où "lors de la représentation, la scène devient une gorge ou un canyon grandiose, traversée en silence par un voyageur solitaire". Usant de textures étales et d'une grandiloquence quasi-hollywoodienne, cette oeuvre est servie notamment par de belles couleurs enveloppantes des cuivres de l'ONDIF ainsi que par une direction engagée de Enrique Mazzola. Toutefois, ces excellents interprètes ne réussissent pas à sauver une des œuvres les plus faibles du catalogue de Glass, où le compositeur n'use pas de toute la panoplie des "tics" faisant la quintessence même de son langage (arpèges, balancements de tierces), afin de préférer de longues tenues creuses et statiques dans les passages lents, ou au contraire de frénétiques mélodies tapageuses dans le passage central rapide


Répétition générale de la création française du Concerto pour alto de Nico Muhly,
Nadia Sirota (alto), ONDIF, Enrique Mazzola (dir.)
Le concert se poursuivait avec une nouvelle création française, celle d'une oeuvre fraîchement composée (2015), un Concerto pour alto signé par l'invité d'honneur du festival, le compositeur Nico Muhly. Ancien assistant de Philip Glass, Muhly s'inscrit véritablement dans un courant que l'on pourrait qualifier de "post-minimalisme", bien que les influences des grands aînés (que ce soit celles de Phil Glass, Steve Reich, ou John Adams) soient parfaitement mûries au travers d'un langage à la profonde originalité et la liberté confondante, abhorrant les cadres et les catégories dans lesquelles on pourrait l'installer.
Particulièrement renommé outre-Manche et outre-Atlantique (où notamment son second opéra Two Boys triompha la saison passée au Metroplitan Opera de New-York), Nico Muhly reste malheureusement peu connu et joué en France, le concert de ce soir participera on l'espère à la popularisation de sa musique dans nos contrées !

Conçu pour sa grande amie l'altiste Nadia Sirota (présente ce soir à Saint-Denis pour défendre cette oeuvre écrite sur mesure pour son instrument), la pièce fut créée en Février dernier à Madrid, par cette dernière et l'Orchestre National d'Espagne, sous la direction de Nicholas Collon.
Au sein d'un cadre très classique en trois mouvements (vif/lent/vif), sans concepts où trame sous-jacente (au contraire de ses Sentences - monologue dramatique d'après la vie de Alan Turing - pour contre-ténor et orchestre de chambre, également présenté en création française dans le cadre du Festival), Nico Muhly réussit à faire passer l'essentiel de son art, sorte de concentré de son esthétique, à la fois dense et chamarré, où la vigueur ne cache jamais une émotion toujours à fleur de peau.

Nico Muhly et Nadia Sirota discutant à propos du Concerto pour alto.
L'oeuvre s'ouvre sur des textures orchestrales légères, puisées directement chez John Adams, tandis que l'alto tente de s'extraire du groupe par de discrets pizzicatos. Ces pizz laissant bientôt place à d'amples phrases lyriques, régulièrement brisées par de violents accents dynamiques si chers au compositeur. L'écriture orchestrale se fait alors tantôt violente, ou tantôt féerique, usant parfois de timbres scintillants (crotales, glockenspiel, etc.) créant ainsi une vraie dichotomie du discours, comme souvent dans la musique de Nico Muhly. On notera également l'écriture de l'alto, faîte de larges écarts et d'importants sauts entre les tessitures, conférant à la partie soliste un degré redoutable de virtuosité.

Le second mouvement quant à lui use d'une orchestration aérée, au raffinement qui n'est pas sans évoquer la musique de Thomas Adès (né en 1971). Au travers d'un intéressant travail sur les textures entre bois et cordes, le soliste se meut en une excroissance de l'orchestre, portant haut son beau chant sensible et sinueux. Un discours parfois brisé par de violentes bourrasques de cuivres ou grondements de tam-tam, véritable griffe du compositeur. On retiendra par ailleurs au sein de cet épisode la
Nadia Sirota
poésie méditative d'une section utilisant de lents réservoirs de notes se développant aux cordes, créant ainsi des superpositions de couches sonores au statisme ondoyant et coloré (une technique hérité de Gait (2013), pour grand orchestre)

Quand au finale, il développe les aspects rugueux du premier mouvement, en juxtaposant différentes séquences radicalement opposées (un motif en forme de gamme ascendante aux cordes, ou bien un passage à la fois rythmique et aérien où l'alto use d'harmoniques scintillantes). Là encore le compositeur use de techniques déjà expérimentées dans de précédentes œuvres, comme des glissades d'alto sur la corde Do, allant jusqu'à un son véritablement saturé à la fin du trait (cf la pièce Varied Carols (pour alto et bande, également composée pour Nadia Sirota), extraite du premier ballet de Muhly I Drink the Air Before Me).
Un moment de grâce au sein de ce mouvement frénétique: la présence d'une cadence soliste des plus contemplative, usant là aussi des techniques d'harmoniques naturelles, ici sous forme de trilles, d'où Nico Muhly réussis à tirer d'incroyables couleurs, comme la discrète prolongation des sonorités éthérées de l'alto, donnant un véritable sentiment d'immatérialité (une apesanteur brisée là encore de manière intermittente par les violentes glissades saturées évoquées plus haut). L'oeuvre s'achevant dans un ultime accent tranchante et acéré des cuivres, par dessus un orchestre et un alto soliste comme désabusés, harassés par cet éprouvant voyage musical à la forme kaléidoscopique.

Saluons ici la présence viscérale de l'altiste Nadia Sirota, qui se donne corps et âme dans une oeuvre écrite spécialement pour elle et son instrument, sublimant une partition tour à tour rugueuse, féerique, tourmentée ou aérienne. En somme, une nouvelle oeuvre à la fois belle, intense et prenante.


Bryce Dessner et Nico Muhly durant la répétition générale
du concert du 10/06/2015 en la Basilique Saint-Denis.
La suite du concert proposait encore une fois une création française (la troisième de la soirée), celle du Lachrimae (pour cordes seules - d'après la chanson de John Dowland - 1604 -) signé par le compositeur Bryce Dessner (né en 1976), qui à l'instar de son ami Nico Muhly fait partie de la troisième génération du minimalisme (la première pourrait être représentée par Riley, Glass, Reich; et la seconde par David Lang, Julia Wolfe, Michael Gordon).
Créé en 2012 par le Amsterdam Sinfonietta dirigé par André de Ridder, Lachrimae sera enregistré deux ans plus tard par le même chef, cette fois à la tête du Copenhagen Philharmonic Orchestra.

Compositeur au statut encore frais (Dessner est en même temps guitariste du groupe de rock indie The National), il développe un art à la fois brut, coloré, au final assez proche des premiers minimalistes, en ce sens que ses compositions adoptent souvent une certaine distanciation émotionnelle, où la musique ne vit que pour elle-même, marquant ainsi un tendance typique de certains compositeurs américains de la même génération (comme Kate Moore ou Sarah Kirkland-Snider).

Lachrimae (2012), pour cordes - de Bryce Dessner, 
par le Copenhagen Philharmonic, André de Ridder (dir.)

La pièce s'ouvre par de sidérants arpèges et trilles au violoncelle solo jouant en harmoniques naturelles, donnant par là un effet brumeux totalement inouï. Se pose alors sur ce tapis miroitant quelques bribes de la chanson originelle de Dowland, fragments qui semblent alors prendre la forme d'un songe éthéré et nostalgique. Utilisant d'incroyables sonorités orchestrales héritées de la pop-
Enrique Mazzolla et Bryce Dessner
durant la répétition générale du concert
du 10/06/2015 en la Basilique Sain-Denis.
music, Dessner nous emmène avec cette oeuvre dans un univers à part entière, presque en marge de sa production tant le résultat amène immédiatement l'auditeur au sein d'un ailleurs fait d'harmonies modales moelleuses (7e et 9e majeures à foison, ou frottements de 2ndes majeures), de resplendissantes harmoniques de violons dans l'aigu, ou bien d'une partie centrale où une pensée plus rythmique se fait prégnante. La section lente finale est également remarquable, faîte à la fois du retour du motif initial de violoncelle solo, mêlé à de longues et lentes glissades non-mesurées, qui ne sont pas sans évoquer la bande originale du film There Will Be Blood, signée par un autre musicien à la fois guitariste de rock et compositeur "post-minimaliste": Johnny Greenwood.

En somme, une oeuvre marquante, que l'on écoute ici avec bonheur trois années après sa création, par des cordes de l'ONDIF aux teintes changeantes, et un Enrique Mazzola visiblement heureux de présenter cette superbe partition au public de la Basilique.

La mezzo-soprano Michelle de Young



C'était une oeuvre de Léonard Bernstein (1918-1990), figure tutélaire de la musique américaine, qui refermait ce concert: la Symphonie n°1 "Jeremiah" (1942). Inspirée par l'épisode biblique des Lamentations du prophète Jérémie, la symphonie de Bernstein se divise en trois mouvements: "Prophecy", "Profanation", et "Lamentation".
Du premier mouvement on se souviendra de la ferveur hiératique et granitique des cordes de l'ONDIF, du second de la vigueur de la direction de Mazzola dans une étourdissante danse aux sonorités hébraïques, tandis que le finale, plein d'introspection faisait place au mezzo épais de Michelle de Young, qui était peut-être trop ample au vues de l'acoustique réverbérante de la Basilique.

Le chef d'orchestre Enrique Mazzola
Au final une remarquable soirée, qui aura permis d'entendre pour la première fois en France (on l'espère !), deux très belles œuvres des compositeurs Nico Muhly et Bryce Dessner, symbole de la vigueur, de la vitalité, et de la fraîcheur émanent du renouveau de la tendance minimaliste américaine, malheureusement trop peu connu en France à l'heure actuelle.
On saluera également tout spécifiquement la prestation du bouillonnant chef de ce soir: Enrique Mazzola. En effet, il existe peu de chef d'orchestres capable de démontrer une telle verve, un tel enthousiasme, un tel engagement physique dans une musique qu'il saisit à bras le corps en la défendant avec force, panache, et subtilité. En résumé: Un programme rare, un bel orchestre, un chef enthousiasmant.. Que demander de plus ?



Le site de Nico Muhly: http://nicomuhly.com/

Le site de Bryce Dessner: http://www.brycedessner.com/

Le site de l'Orchestre National d'Ile-de-France: http://www.orchestre-ile.com/

Le site de Enrique Mazzola: http://www.enriquemazzola.com/





samedi 6 juin 2015

"Parfums d'une nuit américaine": Une expérience musicale et olfactive, par le choeur Les Métaboles (direction Léo Warinsky), en compagnie du parfumeur Quentin Bisch

Eglise luthérienne des Billettes - 02/06/2015


C'était une église des Billettes pleine qui accueillait ce soir une expérience sensorielle à la fois étonnante, ludique, et poétique. En effet, le chœur Les Métaboles et leur chef Léo Warinsky (également actuel directeur musical de l'ensemble Multilatérale) proposaient un étonnant "concert olfactif" en compagnie du parfumeur Quentin Bisch (un parfumeur qui était il y a quelques temps encore, pianiste, compositeur, et directeur d'une compagnie théâtrale): Expérience déjà tentée en 2013 - également en partenariat avec Quentin Bisch -, il consiste à distribuer au public de petites "mouillettes" de papier humectées de parfums, changeant au fur et à mesure du programme afin de s'associer et de se mêler à la musique en un même objet poétique.

Le choeur Les Métaboles (dir. Léo Warinsky) durant le concert "Parfums d'une nuit américaine",
le 02/06/2015 en l'Eglise des Billettes

Très représenté au sein de ce concert, un compositeur comme Samuel Barber pourrait figurer comme une personnification du programme musical de ce soir, alliant "tubes" de la musique chorale (Agnus Dei, transcription du célèbre Adagio pour cordes) à de merveilleuses pépites quasi-inconnues (comme le bouleversant To be Sung on the Water).

Le chœur Les Métaboles nous emporta ainsi une heure durant, dans des contrées méditatives venues d'ailleurs, où les parfums imaginés par Quentin Bitsch venaient comme moirer une atmosphère à la fois délicieuse et introspective, où la fragilité se mêlait à la sensualité, la musique aux parfums et aux couleurs (belles créations lumières de Rosario de Sanctis).

Quentin Bisch
Divisé en quatre parties, le programme se donnait pour but d'imager le thème de la nuit, du crépuscule à l'aube, au sein de sections au titre évocateur ("Ombre", "Sommeil", "Rêve", "Lumière"). Un parfum différent étant distribué au public à chaque changement de thématique.


Aaron Copland en compagnie de Nadia Boulanger, qui dirigea la création des Four Motets en 1921.
La première partie Ombre était constituée musicalement par les Four Motets (1921) de Aaron Copland, et olfactivement grâce à un parfum "frais, boisé, où l'on peut presque discerner les senteurs d'un feu de cheminée" nous explique Quentin Bisch en préambule. La musique de Copland quant à elle est un petit monde en soi: tantôt fragile et énigmatique ("Help us, O Lord", "Have Mercy on Us"), tantôt véhémente et vivifiante ("Thou O Jehova", et "Sing Ye Praises"), elle offre au spectateur une introduction rafraîchissante à un programme qui s'orientera par la suite vers des paysages nettement plus contemplatifs.


Eric Whitacre
Pour Sommeil, la seconde section du concert, Quentin Bisch nous proposait "un parfum réconfortant, comme un doudou que l'on prendrait avec soi pour s'endormir". Côté musical, cette part du spectacle s'ouvrait avec Sleep (2002) de Eric Whitacre. Une oeuvre à l'histoire amusante: Tout commence avec le désir de Whitacre de composer une oeuvre basée sur le poème "Stopping by Woods and a Snowy Evening" de Robert Frost. S'apercevant après l'écriture de la pièce que le-dit poème n'est finalement pas dans le domaine public (les ayants droits demandant d'exorbitants droits d'auteurs), Whitacre demanda à son ami le poète Charles Anthony Silvestri de littéralement recomposer un poème sur la musique préalablement écrite, qui de plus devait suivre la thématique originelle de Robert Frost. Whitacre nous livre alors une page au sein de laquelle l'influence d'un Copland se fait sentir, au travers d'un langage profondément personnel (un compositeur malheureusement peu joué par les ensemble professionnels, alors que sa musique est désormais très populaire au sein des chœurs amateurs). Dans la version de ce soir, Léo Warinsky conduit ses chanteurs dans un tempo allant, sans pathos, au contraire de certaines version fleurant bon une certaine niaiserie. On appréciera également la large palette de dynamiques de ce chœur de vingt-six chanteurs, capable des pianissimo les plus chuchotés comme d’impressionnantes houles emportant tout sur leur passage.

Sleep de Eric Whitacre, par le chœur Les Métaboles (dir. Léo Warinsky), en la Collégiale St-Martin de Colmar, le 14/02/2015

Cette partie du programme se poursuivait avec deux autres brèves pièces, d'abord le O Magnum Mysterium (1994) de Morten Lauridsen, où des couleurs à la Arvo Pärt se mêlent à un écrin de douceur et de dissonances voluptueuses, s'enchaînant avec l'énigmatique Christian Wolff (1966) de Morton Feldman, sorte de point d'interrogation musical. Moment de statisme bouche fermé, cette pièce prend alors une direction poétique toute particulière grâce à la résonance du parfum créé pour l'occasion, et dont la senteur a eu le temps d'évoluer depuis les quelques minutes qu'il a été distribué au public.


Samuel Barber
S'en suivait un troisième moment intitulé Rêve, au sein duquel prenait place des œuvres de Samuel Barber: Three Reincarnations (1939/40), et deux courtes pièces To be Sung on the Water (1968) et Let Down the Bars (1936). On retiendra tout spécialement le sublime To be Sung on the Water, développant une modalité délicate d'une grande tendresse au travers d'un texte à l'onirisme doucement mélancolique, démontrant les qualités chambristes des Métaboles. Basé sur un texte de la poétesse Louise Bogan (1897-1970) imageant tant le roulis d'un bateau sur lequel se trouvent deux amants, que la fragilité des sentiments humains et la nostalgie du temps qui passe, Barber imagine une oeuvre d'une incroyable beauté où les deux parties du chœur (les femmes d'un côté, les hommes de l'autre) chanteront tout au long de la pièce sans jamais se rejoindre, comme deux être attirés l'un par l'autre mais qui au fond ne s'apprivoiseront finalement jamais.
Le parfum imaginé par Quentin Bisch afin d'accompagner cette caressante musique contient comme "une odeur à la fois lactée, crémeuse, et animale", entrant parfaitement en résonance avec ces méditations aux couleurs satinées.


Lux Aurumque de Eric Whitacre, par le chœur Les Métaboles (dir. Léo Warinsky)
Pour accompagner l'ultime partie de ce concert, intitulée Lumière, le parfum créé par Quentin
Affiche du concert olfactif
 "Parfums d'une nuit américaine"
par le chœur les Métaboles.
Bisch mélange "bergamote, musc, et les meilleurs matières premières" déclare-t-il au public sur un ton enthousiaste. La fraîcheur de ces odeurs répondaient alors d'une belle manière au premier parfum de la soirée, formant ainsi une forme en arche, tandis que le programme musical apparaissait plus comme avoir une trajectoire linéaire, vers cet éblouissement final.
Le diaphane Lux Aurumque de Eric Whitacre, par ses harmonies diffractées à la manière d'un vitrail amenait au clou de la soirée, un Agnus Dei de Samuel Barber, poignant mais là aussi interprété d'une manière qui ne laissait pas le spectateur s’apitoyer, avançant constamment, sans boursouflure, conférant non pas une impression méditative, mais presque au contraire, celle d'une course à l'abîme vers un Eden radieux.

En bis, le chœur Les Métaboles nous offrit deux pièces. Tout d'abord Earth Song de Franck Titcheli, puis une transcription du Jardin Féerique, finale de Ma Mère l'Oye (1910) de Maurice Ravel, signée par le compositeur Thierry Machuel. Malgré des sopranos 1 quelque peu à la peine en cette fin de concert, ce finale ravélien s'incorporait parfaitement au reste du programme, et concluait cette soirée sur une note suave et rayonnante, à l'image de ce concert en forme de progression de l'ombre à la lumière, qui était rétrospectivement plus qu'un simple moment ludique où musique et parfums se mêlaient, mais bien une véritable expérience poétique.





Le site des Métaboles (dir. Léo Warinsky):
http://www.lesmetaboles.fr/

Quentin Bisch sur basenotes.net: http://www.basenotes.net/person/1033