dimanche 8 mars 2015

Ciné-concert fleuve de Karol Beffa autour des "Misérables" de Henri Fescourt, à la Fondation Pathé-Seydoux

Fondation Pathé-Jérôme Seydoux - 07/03/2015

Donné en 2014 à Toulouse pour la première fois dans une version numérique entièrement restaurée, Les Misérables (1925) de Henri Fescourt était à l'affiche de la fondation Pathé-Jérôme Seydoux, dont le plus clair de la programmation est dédié au cinéma muet.

© Fondation Pathé-Jérôme Seydoux

D'une durée démesurée de six heures, le film est projeté les samedi 7 et 14 mars en intégralité sur une seule journée, accompagné par un seul et même pianiste.. Pour ces deux séances, c'est à Karol Beffa que revint cet exercice périlleux d'une improvisation fleuve (le film étant projeté en deux parties, de trois heures chacune).

Car c'est là que réside toute la science que Karol Beffa développe face à l'image: à aucun moment la fresque de Fescourt ne devient un "opéra sans paroles", le flux du discours musical sous-tendant constamment la dramaturgie de l'image sans se mettre en avant.


Karol Beffa

Il est également intéressant de considérer les improvisations de Karol Beffa de deux manières: l'une linéaire, suit l'intrigue du film, se fondant toujours avec l'image, en illustrant le propos sans jamais tomber dans le "mickey mousing" ou l'excès inverse, à savoir de prendre systématiquement les images à contre-pied.

Mais on peut également voir ces improvisations d'une manière plus "verticale", en somme plus globale: on a alors affaire, au sein de thèmes récurrents (carillons, fragments de gammes descendantes) à l'élaboration d'un labyrinthe musical, où se croisent de nombreuses références, suggérées par l'image (un God Save the King suivi d'une Marseillaise évoquant la bataille de Waterloo, des Folies d'Espagne grinçantes accompagnants une danse de salon), ou bien sortis de l'imaginaire de l'improvisateur (un thème grégorien fugace, ou bien un glaçant choral style Bach). De plus, il n'hésite pas à sortir de ses propres codes, afin de s'approcher au plus près des émotions liées à l'image (univers "ligetien" plus tendu harmoniquement, effet de cordes étouffées/bloquées dans le piano).

Une performance tant cinématographique que musicale...à réentendre samedi 14 en intégralité, et et tous les jours de la semaine, accompagné par les élèves de la classe d’improvisation du CNSMDP.



Pour en savoir plus sur la version restaurée des Misérables d'Henri Fescourt :
https://www.youtube.com/watch?v=0vMxwixILJU

Pour en savoir plus sur l'accompagnement de films muets par Karol Beffa:
http://www.college-de-france.fr/site/karol-beffa/course-2012-12-20-14h00-video.htm




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